Lame de fond
Avec son plan « National Sword », Pékin plante sa lame au coeur de l’industrie papetière chinoise, considérée comme extrêmement polluante. Pour asphyxier ce secteur, le pouvoir central a drastiquement diminué ses quotas d’importation de papiers et cartons étrangers à recycler. Conséquence en Chine : l’envol du prix des déchets locaux, une denrée devenue rare que s’arrachent les plus grands papetiers du pays, au détriment des petits acteurs. Conséquence internationale : un surplus de déchets aux États-Unis mais surtout en Europe, incapables d’absorber de tels tonnages de papiers et cartons, provoquant un effondrement des prix. Les usines de retraitement et de valorisation du Vieux Continent frôlent la saturation, l’offre dépasse largement la demande et les prix extrêmement bas basculent même parfois dans le négatif…
Vers plus de qualité
Plus inquiétant encore, la situation que certains estimaient provisoire semble s’installer dans la durée. La Chine pourrait même fermer définitivement ses portes aux déchets les moins qualitatifs, pour n’acheter que les meilleurs. Toute l’industrie européenne devrait alors revoir en profondeur son fonctionnement. Les pays d’Asie du sud-est pourraient se montrer intéressés par ce marché délaissé par la Chine. A moins qu’ils ne décident de s’aligner sur sa politique environnementale… Seule certitude : les papetiers vont plus que jamais se mettre en quête de déchets très qualitatifs, une matière première visuellement irréprochable qui trouvera facilement des débouchés. Seul un tri rigoureux et de très haute qualité permettra de s’imposer sur ce marché en pleine mutation.
Arthur di Montagliari, Directeur Général de Hubency